Girls, Boys et la perte de contrôle…

par | Culture, THÉÂTRE

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 Quand la vulnérabilité est force et le contrôle devient faiblesse…

France Bastoen, élue meilleure interprète de 2022 par le prix Maeterlinck de la Critique, nous livre, dans cette pièce de Dennis Kelly, une performance inégalée. La mise en scène de Jean-Baptiste Delcourt ainsi que toute la scénographie « au point » la secondent parfaitement. On ressent une création collective et intimiste.
Une femme, seule en scène, nous raconte son vécu. On découvre son histoire – tragique –petit à petit, entre narration très directe – yeux dans les yeux – et dialogues surréels, issus de ses souvenirs. Elle nous plonge dans les abysses de son état d’âme, d’où elle tente de sortir. Elle revit son histoire à travers son récit ; une façon de la traiter pour arriver à l’accepter, mais simultanément « essaie de réécrire ses souvenirs » pour n’en garder que les bons. Le décor s’apparente d’ailleurs à une page blanche, un espace nu, prêt à être reconstruit.
Plus qu’une histoire cinglante, il s’agit de montrer que la fragilité de l’être ne tient pas à grand-chose. Et surtout que celle d’un homme tient beaucoup à sa position de contrôle et de pouvoir. Qu’un retournement de situation, un moment de déstabilisation, peut trop facilement devenir un élément déclencheur et pousser à des actions inimaginables et démesurées.
Malgré la lourdeur du sujet, la légèreté est de mise, autant dans le texte que dans le jeu.
Chacune des 110 minutes de cette pièce est prenante et chargée en sensations. Une expérience vivement recommandée.
Girls and Boys, reprise de 2022 grâce à son succès, se joue au Théâtre des Martyrs jusqu’au 26 mars. Écrite par Dennis Kelly et mis en scène par Jean-Pierre Delcourt. Scénographie et création sonore par Mathieu Delcourt, lumières par Renaud Ceulemans.

– Nefeli Van Hege

A découvrir jusqu’au 10 au 26 mars 2023 au Théâtre des Martyrs.